CARTE BLANCHE TO MARIANNE DOLLO, CURATOR
APRIL 12 — MAY 31, 2025
WITH
CHU TEH-CHUN, JACK DUNNETT, ELLANDE JAUREGUIBERRY,
HÉLOÏSE PIRAUD, AND PIERRE SEINTURIER.
In collaboration with Galerie 22,48 m², Galerie Lefebvre & Fils, and Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois,
The serene aura that emanates from the delicately minimalist spaces of this former hôtel particulier—reimagined by Japanese architect Mio Shibuya—has inspired the composite aesthetic of this exhibition. From the rounded angles of the secret room, reminiscent of a sanctuary, to the staircase flowing in soft curves between two levels, this space beckons contemplation. Here, the ordinary moments of daily life are celebrated as precious fragments of time, imbued with a quiet, nostalgic romanticism.
Beneath their apparent simplicity, the selected paintings and sculptures unveil familiar yet deeply evocative realms—intimate spaces or submerged cultural echoes, drawn from a shared, universal language. These works suspend our sense of time, inviting us to inscribe them into our own personal histories.
They speak of feeling, of nostalgia, solitude, sensuality, ennui, escape, and sometimes, of love.
Jack Dunnett’s works, all in intimate formats, explore the human condition through a multiplicity of narratives shaped by pop culture, symbolism, and archetypes. These undefined mini-stories, with their many roots, depict a world imbued with innocence and quietude. Yet, from these spaces arise essences that we instinctively recognize. Neither fully abstract nor figurative, his color fields unfold in a poetic language, revealing a quiet, introspective intimacy. Almost silent, these delicate pictorial gems gradually unveil themselves, their unassuming presence calling us into a state of calm.
Ellande Jaureguiberry’s works, protean enigmas in themselves, stage reality through trompe-l’œil, offering unexpected readings of the world. Whether through drawing or sculpture, he conjures dreamlike objects in constant flux, adorned with Egyptian, medieval, Art Nouveau, and Moorish motifs—or even science fiction references—subtly interwoven with symbols of desire. His use of raw yet diaphanous materials, in pastel shades of infinite softness, leads us into a tactile landscape where serenity reigns.
Animals map the landscapes of our everyday lives. Through her ceramic practice, Héloïse Piraud explores the perceptual link between humans and animals, crafting universal narratives rooted in history, from antiquity to the present. Whether reimagining a mythological chimera, blending elements of various creatures, or reinventing an everyday decorative object, her work revolves around the sobriety of material and its symbolic embodiment. The earth, shaped into rounded, touchable forms in cool, muted tones, resonates with our subconscious longing for simplicity, while simultaneously evoking themes of impermanence and transformation.
Light is inescapably at the heart of Pierre Seinturier’s paintings. It orchestrates his compositions, imbuing them with intense emotion and an introspective atmosphere. His distinctive, near-obsessive architecture—framed by bold black lines—sets the stage for enigmatic scenes, where human figures are fleeting, barely escaping from landscapes inspired by travels, dreams, or fantasies. Like a madeleine de Proust, each painting opens a doorway to buried memories, reviving a forgotten tenderness in a single image of vibrant, evocative hues.
As a counterpoint to these four young artists, and in resonance with the gallery’s DNA, I wished to present a work by the Franco-Chinese master of gestural abstraction, Chu Teh-Chun. His subtly luminous polychromies envelop us in a dance of contrasts—light and shadow creating a mesmerizing illusion of transparency. Evoking nature’s turbulence—stormy skies, shimmering waters, blazing openings of red, and bursts of white within a soft chaos of vaporous colors—his lyrical and sensory composition invites profound introspection. It reminds us that even the most unremarkable moments of our lives hold the essence of treasures, waiting to be cherished.
Fr
En collaboration avec la Galerie 22,48 m², la Galerie Lefebvre & Fils et la Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois,
L’atmosphère sereine qui émane des espaces délicatement minimalistes de cet ancien hôtel particulier, réimaginé par l’architecte japonaise Mio Shibuya, a inspiré l’esthétique composite de cette exposition. Des angles arrondis de la pièce secrète, évoquant un sanctuaire, à l’escalier aux courbes douces entre deux niveaux, cet espace invite à la contemplation. Ici, les instants ordinaires du quotidien sont célébrés comme de précieux fragments de temps, empreints d’un romantisme paisible et nostalgique.
Sous leur apparente simplicité, les peintures et sculptures sélectionnées dévoilent des univers familiers et pourtant profondément évocateurs – espaces intimes ou échos culturels submergés, puisés dans un langage commun et universel. Ces œuvres suspendent notre notion du temps, nous invitant à les inscrire dans nos histoires personnelles.
Elles parlent de sentiments, de nostalgie, de solitude, de sensualité, d’ennui, d’évasion et, parfois, d’amour.
Les œuvres de Jack Dunnett, toutes de formats intimistes, explorent la condition humaine à travers une multiplicité de récits façonnés par la culture pop, le symbolisme et les archétypes. Ces mini-récits indéfinis, aux racines multiples, dépeignent un monde empreint d’innocence et de quiétude. Pourtant, de ces espaces surgissent des essences que nous reconnaissons instinctivement. Ni totalement abstraits ni figuratifs, ses champs de couleurs se déploient dans un langage poétique, révélant une intimité tranquille et introspective. Presque silencieuses, ces délicates pépites picturales se dévoilent progressivement, leur présence discrète nous invitant à un état de calme.
Les œuvres d’Ellande Jaureguiberry, énigmes protéiformes en elles-mêmes, mettent en scène la réalité en trompe-l’œil, offrant des lectures inattendues du monde. Que ce soit par le dessin ou la sculpture, il convoque des objets oniriques en constante évolution, ornés de motifs égyptiens, médiévaux, Art nouveau et mauresques, voire de références à la science-fiction, subtilement entrelacés de symboles du désir. Son utilisation de matériaux bruts et pourtant diaphanes, aux tons pastel d’une infinie douceur, nous entraîne dans un paysage tactile où règne la sérénité.
Les animaux dessinent les paysages de notre quotidien. À travers sa pratique de la céramique, Héloïse Piraud explore le lien perceptif entre humains et animaux, façonnant des récits universels ancrés dans l’histoire, de l’Antiquité à nos jours. Qu’il s’agisse de réimaginer une chimère mythologique, de mélanger des éléments de diverses créatures ou de réinventer un objet décoratif du quotidien, son travail s’articule autour de la sobriété de la matière et de son incarnation symbolique. La terre, façonnée en formes arrondies et palpables, aux tons froids et feutrés, résonne avec notre inconscient désir de simplicité, tout en évoquant les thèmes de l’impermanence et de la transformation.
La lumière est indissociable des peintures de Pierre Seinturier. Elle orchestre ses compositions, les imprégnant d’une émotion intense et d’une atmosphère introspective. Son architecture caractéristique, quasi obsessionnelle, encadrée de lignes noires audacieuses, met en scène des scènes énigmatiques, où les figures humaines sont fugaces, s’échappant à peine de paysages inspirés par le voyage, le rêve ou l’imaginaire. Telle une madeleine de Proust, chaque tableau ouvre une porte sur des souvenirs enfouis, ravivant une tendresse oubliée dans une image unique aux teintes vibrantes et évocatrices.
En contrepoint à ces quatre jeunes artistes, et en résonance avec l’ADN de la galerie, j’ai souhaité présenter une œuvre du maître franco-chinois de l’abstraction gestuelle, Chu Teh-Chun. Ses polychromies subtilement lumineuses nous enveloppent dans une danse de contrastes – ombre et lumière créant une fascinante illusion de transparence. Évoquant les turbulences de la nature – ciels orageux, eaux chatoyantes, éclats de rouge flamboyant et éclats de blanc au cœur d’un doux chaos de couleurs vaporeuses – sa composition lyrique et sensorielle invite à une profonde introspection. Elle nous rappelle que même les moments les plus anodins de notre vie recèlent l’essence de trésors, attendant d’être chéris.
Marianne Dollo
Curator